IBRAHIM MAALOUF MEET THE ARTIST !

Rencontre avec Ibrahim Maalouf, artiste iconique et virtuose de la trompette, plusieurs fois nommé aux Grammy Awards. Entre jazz, influences orientales et collaborations prestigieuses, le musicien dévoile son univers envoûtant. Ibrahim nous partage son amour de la musique, son parcours exceptionnel et les parfums
qui rythment sa vie, pour le plus grand plaisir des lecteurs du LiFE Magazine.

 

Ibrahim, votre musique est un mélange unique de jazz et d’influences orientales. Comment parvenez-vous à créer une fusion aussi captivante ?

Je pense en réalité que c’est un mélange à la fois de mon éducation musicale liée aux musiques classiques occidentales et arabes, au jazz bien évidemment que j’adore et à tout un ensemble de styles musicaux que j’écoute depuis mon adolescence et même peut-être un peu avant, qui mélange pop, rock, hard rock, musique africaine, musique indienne, musique d’Amérique du Sud, musique électronique. Nous sommes aujourd’hui à une époque où toutes les cultures du monde sont accessibles gratuitement en un clic, grâce à une petite machine miniature qui se trouve dans notre poche. Il est inconcevable de ne pas être inspiré par toutes ces influences qui ont toutes quelque chose de passionnant.

En tant qu’artiste renommé, quelles sont vos sources d’inspiration principales lors de la composition de nouvelles œuvres musicales ?

En dehors des inspirations spécifiques stylistiques, je crois que ce qui m’inspire le plus, c’est la vie. Comme l’a dit le grand réalisateur Claude Lelouch avec qui j’ai eu l’immense honneur de travailler récemment, « la vie est le meilleur scénariste du monde ». Je crois beaucoup à cette philosophie qui finalement consiste à se dire qu’il n’y a pas plus inspirant que la vie et les rapports humains. C’est une philosophie que j’applique à chaque instant et lorsque je compose de la musique, c’est la première chose, voire peut-être la seule, qui rythme l’écriture.

Vous avez été nommé plusieurs fois aux Grammy Awards. Qu’est-ce que ces reconnaissances signifient pour vous en tant qu’artiste ?

C’est toujours compliqué de réagir de façon équilibrée lorsqu’on reçoit un honneur, une distinction ou un prix. C’est à la fois très encourageant, car cela me donne le sentiment que le travail que je fais n’inspire pas l’indifférence et qu’il est d’une certaine façon reconnu à la hauteur de l’engagement et de la passion que j’ai pour ce métier. Mais d’un autre côté, je sais qu’il y a à la fois un peu de hasard et peut-être aussi l’alignement d’étoiles. (Sourire) Et ce que je dis à ma famille et à mes amis, c’est que dans ces cas-là, il faut savoir célébrer, profiter de ce moment de joie, tout en gardant les pieds sur terre et se dire que ces petits moments de bonheur sont un cadeau de la vie. Qu’une fois que cela est passé, rien finalement ne change vraiment et c’est peut-être mieux.

Votre collaboration avec de grands noms de la musique, tels que Sting, a marqué les esprits. Comment ces expériences ont-elles influencé votre parcours musical ?

Lorsque je pense à Sting et à quelques autres très grands artistes avec qui j’ai eu l’honneur de collaborer, je pense immédiatement à l’humilité d’une grande majorité d’entre eux. Au-delà de l’expérience, de l’exigence, je suis le plus souvent bluffé par le décalage qu’il y a entre l’image qu’on peut se faire de personnalités fortes qui ont marqué véritablement les cultures de toute une époque, comme Quincy Jones ou Sharon Stone, avec qui j’ai collaboré et qui ont su rester fondamentalement humains, touchants et humbles.

Parlons de votre rôle d’égérie pour la marque de parfums de luxe « Amaffi ». Comment lamusique et les parfums interagissent-ils dans votre vie créative et personnelle ?

Pour être franc, j’ai été surpris que cette marque de parfum de luxe me sollicite. Bien que je ne sois pas un mannequin, cela témoigne peut-être d’un changement dans la perception contemporaine de la beauté. Je pense que l’attachement émotionnel peut être plus séduisant que l’esthétique. Les marques semblent comprendre que toucher profondément les clients est crucial aujourd’hui. Certains semblent avoir un lien émotionnel avec ma musique, ce qui a motivé Amaffi à m’inclure dans ce beau projet et cela me touche énormément.

Votre dernier album a connu un grand succès. Quelle histoire vouliez-vous raconter à travers ces nouvelles compositions ?

Avec du recul, je réalise que je raconte la même histoire dans tous mes albums, mais de façons diverses avec des mots parfois opposés. Depuis quelques années, ma musique vise à réconcilier les gens, les cultures, les générations et même les langues. Rien de très original, je parle simplement de remettre l’amour au centre. En hommage à Oum Kalthoum, je montre que la culture arabe et nord-américaine partagent des valeurs communes. « Capacity to Love » va encore plus loin, exprimant simplement l’importance de parler d’amour dans une époque axée sur la confrontation, où le mot amour peut sembler démodé pour certains.

La trompette est votre instrument emblématique. Comment avez-vous découvert votre passion pour cet instrument et en quoi est-il central dans votre expression artistique ?

J’ai grandi dans une famille de musiciens avec une mère pianiste et un père trompettiste. Bien que cela puisse sembler cliché (rires), j’ai la chance d’avoir un père qui m’a appris sérieusement la trompette. Initialement, je n’appréciais pas cet instrument, mais après être entré au conservatoire de Paris et avoir remporté des concours internationaux, j’ai réalisé l’importance de cet héritage. Mon père a inventé un instrument hybride il y a plus de 60 ans, un pont entre la musique occidentale et arabe. Cet instrument, comme une baguette magique, me permet aujourd’hui de créer un langage unique qui me représente et que je ne pourrais trouver nulle part ailleurs.

En tant qu’artiste à la renommée internationale, quels messages ou émotions espérez-vous transmettre à votre public à travers votre musique et votre présence en tant qu’égérie ?

Je crois que ce qui me donne envie de faire ce métier et qui me pousse à créer, inventer, rencontrer, stimuler, c’est encore une fois cette passion que j’ai pour les rapports humains et cette envie de contribuer à une forme d’équilibre qui est indispensable, à une bienveillance qu’on n’a pas le droit de négliger, et qui peut-être, peut contribuer un peu à rééquilibrer les inégalités, à assainir le rapport des uns avec les autres, à rendre un peu plus agréable ce petit moment éclair que nous partageons sur terre.

Parlez-nous de votre prochain album qui sortira au mois de mai !

Je travaille simultanément sur plusieurs albums. « Trumpets of Michel- Ange », le premier à sortir, est à la fois ancré dans l’histoire et intemporel. Cet album célèbre la transmission, l’héritage et le passage des générations, symbolisé par les trompettes de Michel-Ange, redonnant sens au cycle de l’apprentissage, de l’évolution et de la transmission. En explorant l’histoire des fanfares à la française dans les montagnes libanaises à l’époque du mandat français, je raconte comment ce mariage culturel a façonné mon travail actuel. C’est ce legs que j’aimerais transmettre à mes enfants et aux nouvelles générations après avoir vécu et avoir été transformé par notre époque.

Que pourriez-vous souhaiter aux lecteurs du LiFE Magazine ?

La musique, contrairement à d’autres arts, se passe souvent de mots et d’explications. Alors que d’autres formes artistiques nécessitent des explications, la musique se contente d’un cœur qui bat et d’une âme qui ressent. Souhaitant aux lecteurs du LiFE Magazine d’accorder autant d’importance à leurs émotions qu’à leurs réflexions, magnifiquement interprétées par la musique.