Optimiste, sincère, combative et engagée… voilà ce qui caractérise la belle comédienne Julie Gayet qui depuis près de trente ans, oscille entre cinéma d’auteur et comédies populaires. Elle se confie aux lecteurs du LiFE magazine pour notre plus grand plaisir !
Rencontre avec une femme de passions !
Nous venons de traverser une crise sanitaire sans précédent, quels ont été les changements effectués dans votre vie ? De nouvelles priorités ?
Dès que cela a été possible après le confinement je suis retournée au Théâtre, voir des concerts, des films dans les salles de cinéma. Un besoin de vivre des émotions avec les autres, un besoin de partager presque vital. Besoin d’échanges… J’avais envie de retrouver le public. J’ai décidé de remonter sur scène avec ma camarade Judith Henry qui m’a proposé de lire avec elle les beaux portraits de femmes d’Annick Cojean adaptés de son recueil « je ne serais pas arrivée là si… ». C’est un tel plaisir de sentir la salle rire, vibrer avec nous ! Être ensemble !
À présent on fait un Tour de France des salles et c’est merveilleux. Après la tournée France on jouera le spectacle à l’étranger. Nous jouerons même à San Francisco et Los Angeles fin février, début mars !
Qu’est-ce qui doit vous séduire lorsque vous lisez un scénario quel est le déclic ?
Finalement encore une fois ce qui me détermine c’est avant tout la rencontre… plus que le scénario ! Le plus important c’est le réalisateur ou la réalisatrice, sa sincérité et son regard sur le monde, sur le scénario, sur mon personnage. C’est la façon dont il ou elle me raconte l’histoire avec ses mots et son point de vue, tout est là, lors de ce premier rdv…
Nous avons pu vous voir jouer récemment dans deux fictions sur TF1 qui ont traité de deux sujets d’actualité, la relation d’une mère prête à tout pour son enfant et sur la fin de vie programmée. Qu’est-ce qui vous a séduite dans ces fictions ?
La première série est surtout une histoire entre une mère et sa fille…
Je suis très engagée depuis longtemps sur les combats des femmes. Depuis la libération de la parole des femmes en 2016, j’ai décidé de m’investir encore plus et de soutenir activement la Fondation des Femmes. La vague #metoo a fait bouger la perception sur le harcèlement. Le fait de savoir qu’on est plus seules, que la parole des femmes peut faire changer les choses, est une révolution ! Mais il y a encore du chemin…
« Une mère parfaite » sur TF1, qui finalement repassera en début d’année 2022 (elle avait été déprogrammée à la mort de Belmondo) est une très belle série sur les femmes ! Dès la première scène mon personnage apprend que sa fille est accusée de meurtre après une soirée en boîte de nuit qui a mal tournée…
Il est évidemment question de drague, de drogue, de consentement… de viol ! La série joue avec le regard que la société porte sur les femmes et tous les clichés qui vont avec ! Et puis cela questionne évidemment le rôle d’une mère, le titre résume bien cette injonction faites aux mères de devoir être des « mères parfaites » ! Est-ce que la mère parfaite existe ? Cette pression de la société est terrible car elle fait naître une culpabilité immense. Bien trop souvent la responsabilité (et la charge mentale) est renvoyée celle-ci, or un enfant se fait à deux, s’élève à deux…
Fred Garson le réalisateur, qui est aussi derrière la caméra, m’a tout de suite donné envie de plonger dans cette aventure avec lui. Il ne nous lâchait pas avec sa caméra ! C’était une merveilleuse aventure avec Éden Ducourant qui pourrait être ma fille. Elle est incroyable ! Tout au long des épisodes on est pris par sa fragilité, son émotion, sa force. Vous allez voir, jusqu’au bout vous ne saurez pas ce qui s’est passé.
Est-ce une façon de montrer que vous êtes une femme engagée ?
Mes choix de films sont avant tout des rencontres. Pour « Une dernière partie » c’était un véritable désir de retravailler avec le réalisateur Ludovic Colbeau Justin avec qui j’avais joué il y a quelques années dans une série d’Harlan Coben. On avait gardé des liens ensemble, et au-delà du film, c’était un hommage à des personnes qui nous étaient chères. Franck Duboscq voulait traiter de ce thème, absolument nécessaire, de la fin de vie, car son propre père avait été touché… Je savais que le film serait sincère et juste.
Vous avez dit dans une interview que l’on peut lire en vous comme dans un livre ! Cela voudrait-il dire que vous êtes incapable de mentir ? (Rires)
Oui c’est vrai. Je mens dans mon métier, je joue… Même si en réalité c’est plus sincère et plus profond que cela ! Ce n’est pas moi sur l’écran…Non je ne suis pas mariée à Franck Duboscq !
Disons que dans ma vie j’essaye d’être toujours moi, pour que les choses soient claires. Pas de jeu ! J’en ai fait une petite règle de vie. Mais il est vrai aussi que je suis une fille simple, très tôt j’ai senti que je devais protéger ma vie privée… Elle est derrière la porte.
D’un côté plus personnel, la révélation de votre relation avec François Hollande a t’il impacté votre métier de comédienne et productrice ?
J’ai la chance d’être aussi Productrice, cela m’a beaucoup aidé à continuer de faire ce que je faisais comme avant… Et puis comme j’ai tourné dans la série Dix pour cent, cela a permis de montrer que je n’étais pas dupe : ça a forcément changé la perception de certains. Le petit trait d’humour de Joey Star à la fin de notre épisode était la meilleure façon de répondre !
Et puis je n’ai pas arrêté de jouer, j’ai fait cette saga familiale de trois long-métrages avec Chantal Ladesou les « C’est quoi cette famille ? »,
« C’est quoi cette Mamie ? » « C’est quoi ce papy ? » qui ont été d’immense succès populaire ! J’ai eu de très beaux rôles comme dans « Marion 13 ans pour toujours » et j’ai même joué une femme amoureuse de deux hommes dans « Soupçon ».
Enfin, je suis retournée sur les planches avec Claudia Stavisky au théâtre des Celestins à Lyon dans Rabbit Hole… Je n’avais pas joué depuis plus de 20 ans au Théâtre, cela a été une renaissance !
Je me sens gâtée comme actrice.
Avez-vous de nouveaux projets cinématographiques ?
Oh oui !!! Vous allez voir pas mal de films dans lesquels je suis : « Zaï Zaï Zaï » de François de Dasgnat une comédie absurde géniale avec Jean-Paul Rouve, « Comme une actrice » de Sébastien Bailly une comédie Romantique fantastique avec Benjamin Biolay, « Song of Revenge » de Mathieu Bozon un film de revanche où je tue tout le monde !
Vous êtes aussi productrice. Cette double casquette a-t-elle changé votre manière d’être actrice ?
J’ai toujours fait cela dans l’ombre… depuis mon 1er long-métrage je m’intéressais à tout sur un plateau… Et puis un jour j’ai entendu parler dans une conférence du manque de confiance des femmes, de ce sentiment de non « légitimité » « d’imposture »
et j’ai réalisé que j’étais le prototype de ce cliché ! Les femmes ont souvent tendance à rester dans l’ombre, à mettre les hommes en avant… pourquoi ? Au nom de quoi ? Alors j’ai décidé d’assumer et de me mettre à ma place. Tout simplement assumer ce que je faisais dans l’ombre depuis des années !
Ce qui est sûr c’est que j’aime apprendre, je suis curieuse et cela fait partie de ma manière d’aborder les films : dans le concret ! Que ce soit comme actrice ou productrice !
Quelles seront vos nouvelles résolutions pour l’année 2022 ?
Faire du sport !!! Respirer. Marcher. Méditer.
Que pourriez-vous souhaiter aux lecteurs du LiFE magazine ?
Profiter de l’instant présent.