Actrice iconique, Mathilda May a réussi à se réinventer Grâce à l’écriture et la mise en scène.
Récompensée par deux Molières pour son spectacle «Le Banquet» en 2019 dont la meilleure mise en scène d’un spectacle de théâtre public et par le Molière du spectacle Seul en scène.
Rencontre avec une artiste qui ne cesse de nous surprendre, une artiste remarquable et remarquée…
Actrice, auteure, metteur en scène vous avez plusieurs cordes à votre arc ! Comment s’est déclenché ce virage dans votre carrière ? Est ce que l’écriture et la mise en scène étaient une évidence pour vous ?
C’est le fruit d’une vie, un aboutissement, la combinaison de toutes les techniques que j’ai pratiquées. A la base je suis danseuse classique, et j’ai été traversée par toutes sortes de formes d’expression. Il y a eu un moment dans ma carrière d’actrice où les rôles devenaient moins intéressants, donc je me suis questionnée profondément sur ce que je pouvait essayer d’apporter. Je me suis dit que je pouvais me définir dans la pluralité : la danse, la musique, un certain type d’humour à l’anglo-saxonne… J’ai des goûts très éclectiques, je me suis inspirée de toutes sortes de choses, particulièrement du cirque contemporain, et j’ai essayé d’inventer quelque-chose au delà des étiquettes. Je suis moi même le fruit d’une mère suédoise et d’un père oriental, je me suis dit que le mélange était la clé ! En tant que spectatrice j’ai envie d’être surprise, et comme metteur en scène je souhaite inventer quelque chose d’inédit et faire bouger les codes.
Que faut-il pour réussir un tel tournant dans une carrière?
Jai acquis la conviction que l’on risque plus à ne rien faire plutôt qu’à faire les choses ! La plupart des gens à la fin de leur vie ne regrettent jamais ce qu’ils ont fait mais ce qu’ils n’ont pas osé faire. J’en avais assez de n’être cantonnée qu’à mon physique, je voulais échanger sur le monde, mettre en avant les rapports humains, mes questionnements. Il ne faut pas avoir de regrets, il faut se lancer, essayer de nouvelles choses ! En provoquant le destin la vie nous aide et les planètes s’alignent. Maintenant j’ai le sentiment de pouvoir exploiter tous mes talents !
Vos pièces ont été couronnées de succès, de « Et plus si Affinités » que vous aviez co-écrit et joué avec Pascal Légitimus, «Open Space», «le Banquet» couronné de deux Molières dont celui de la mise en scène dans un spectacle de théâtre public, et maintenant «Monsieur X »avec Pierre Richard , Molière 2020 du spectacle seul en scène. On ne vous arrête plus ?
Je pense que j’ai enfin trouvé mon moyen d’expression à travers mon propre langage et grâce à cela je peux raconter toutes sortes d’histoires ! Je suis aussi très bien entourée par mes équipes, avec qui je suis en confiance, je les embarque dans des défis qui sont souvent très techniques. J’ai même en chantier un nouveau projet dont je préfère ne rien révéler pour l’instant… l’art est une aventure avec un chemin à explorer.
On a la sensation que l’écriture et la mise en scène vous comblent et vous permettent de vous épanouir davantage. Avez-vous d’autres projets au théâtre en tant qu’auteure- metteur en scène ou bien comme comédienne?
Pour moi l’écriture et la mise en scène ne font qu’un, elles sont indissociables. Je continue l’écriture de mon prochain projet de théâtre. J’ai tourné au cinéma un joli film qui s’appelle l’Enfant caché de Nicolas Stell et j’ai tourné pour TF1 Coup de foudre à Bangkok tout juste avant le Covid, où je joue une garce !
C’est un peu comme une renaissance, non ? Les gens vous redécouvrent, vous avez un peu cassé cette image de femme glamour qui vous collait peut-être à la peau…
Il y a 15 ans je n’aurais jamais imaginé en être là ! On dit qu’il faut avoir confiance en soi, mais je pense qu’il faut avoir surtout confiance en la vie. La vie se charge de mettre sur votre chemin des pistes, des rencontres… J’ai eu la curiosité d’aller voir des spectacles qui ont fait germer en moi de nouvelles idées, ça m’a permis de garder les yeux ouverts sur ce qui se passait autour de moi et d’avoir envie de partager ma vision. C’est une forme d’aboutissement, le fruit de toute une vie. J’aime me dépasser, c’est ça qui rend heureux.
Comment vous percevez vous aujourd’hui ?
J’ai écrit un livre qui s’appelle VO et qui retrace un peu mon parcours, j’y explique comment j’en suis arrivée là et comment tout fait sens. J’essaye sans cesse de me renouveler, je me sens parfaitement accomplie dans ce que je suis devenue aujourd’hui. Tout ce que j’ai vécu (le bon comme le mauvais) m’a construit pour devenir ce que je suis aujourd’hui, parfois les épreuves apportent du positif.
Que peut-on vous souhaiter pour cette année 2021 ?
Une respiration pour les gens et pour la culture qui est mise à mal en ce moment. J’espère que les artistes ne vont pas se décourager, et trouver la force de continuer. Que cette pause forcée porte ses fruits et nous permette de prendre du recul sur notre situation et qu’en fin de compte elle nous soit bénéfique.
