MARC LAVOINE FOREVER YOUNG !

Acteur et chanteur à la voix feutrée, on ne présente plus l’homme aux yeux revolver, Marc Lavoine qui depuis près de 40 ans, nous fait vibrer et fredonner. Il se confie aujourd’hui aux lecteurs du LiFE magazine sur sa vie, ses passions, et l’amour de son métier.

Comment définiriez-vous votre 14ème album « Adulte jamais » ?
Il est assez difficile de décrire l’album, quand on l’a écrit. Je vous dirai simplement, qu’il est dans la continuité des précédents, avec j’espère un peu d’évolution. On y retrouve les thèmes qui sont ceux que j’ai choisi de chanter depuis le début. Dans la lignée de « Parking des anges », « Paris », « Pont Mirabeau », « Vivre ou ne pas vivre », « Adulte jamais » ; ce sont des chansons qui parlent, je l’espère, d’un peu du fond de notre société et de ce que je perçois de ce monde.
Et bien sûr, en y incluant des duos. J’ai un attachement profond à partager le centre plus particulièrement avec des femmes, pour éclairer les textes que j’écris de façon plus universelle.
Et des chansons de ce que nous vivons en termes d’émotions, aux travers de nos histoires familiales, d’amour et d’amitié, en restant fidèle aux valeurs inculquées par mes parents et grands-parents.

Vous êtes l’un des artistes français, qui cumule le plus de collaboration musicale. Qu’est-ce que vous aimez tant dans le fait de partager un duo ?
J’aime beaucoup les collaborations musicales, avec des artistes qui viennent d’univers différents : classique, rock, pop, rap… Mais surtout, les duos avec des femmes, ne serait-ce que par exemple, Catherine Ringer, avec qui j’ai eu la joie de partager le centre, ou encore Véronique Sanson, Françoise Hardy, pour ne citer qu’elles… La femme est la personne la plus discriminée au monde, nous le savons tous. Mes collaborations féminines, donnent du sens et évite les clivages. Par exemple, au théâtre lorsque j’ai joué la pièce « Le poisson belge » c’est Géraldine Martineau qui a rendu possible et accessible la pièce. Elle lui a donné un sens, car si j’avais été seul à jouer ce sujet, il y aurait eu un clivage, alors que Géraldine créé un grand commun dénominateur et rassemble. Les femmes sont la philosophie et la lumière, qui rend le sujet universel.

Quelle est la chanson que vous rêveriez d’interpréter et avec qui ?
Certaines chansons de Jane Birkin, Léo Ferret, Françoise Hardy, Boris Vian, William Sheller ou de Barbara sont des rêves absolues… mais il y en a une, que je rêvais d’interpréter « Madame rêve » écrite par Pierre Grillet pour Alain Bashung. J’ai eu le bonheur de pouvoir l’interpréter, sur toute ma tournée « la tournée dans la peau ». J’ai découvert cette chanson, dans la voiture de Pierre Grillet, avant qu’elle ne sorte. Je l’avais trouvé extrêmement audacieuse. Cette mélodie et cette atmosphère sont une réussite. J’espère la chanter à nouveau !

Sur le devant de la scène, depuis près de 40 ans, comment vivez-vous cette belle et longue histoire d’amour avec votre public ?
Il y a des choses inexplicables, dans la vie. Je ne suis d’ailleurs par très curieux d’en trouver la raison. Le public est transversal, multiforme, il ne m’appartient pas, ce n’est pas « mon » public… Je sais que je remets mon titre en jeu à chaque fois, j’essaye d’être à la hauteur de ces gens, que j’aime beaucoup. Ça m’émeut de voir que l’on achète des places de concerts des mois à l’avance, qu’ils peuvent attendre des heures dehors, avant de pouvoir rentrer s’installer dans la salle. Le public choisi et fait ce qu’il veut… En général je pense qu’il a du goût.

Flashback ! « Pour une biguine avec toi… ». À qui était destinée cette chanson ? (Rires)
Il se trouve que mes parents m’ont éduqué, je crois, assez honnêtement. Mon frère est dessinateur, et avait dessiné Angela Davis, que j’avais affiché au-dessus de mon lit. L’histoire de mes parents et ces questions de la contestation, de l’antiracisme, ont toujours provoqué chez moi un sentiment fort. J’ai rencontré à l’âge de 17 ans, une femme black panther et cette question est assez importante pour moi. J’aime aborder avec amour, les sujets parfois les plus difficiles, notamment la question raciste au sens large.
Votre été sera rythmé par les festivals, gardez-vous un peu de temps pour vous ressourcer en vacances ?

Où irez-vous cet été ?
Je n’aime pas trop le rituel des vacances. Je préfère les voyages aux vacances ! Aller sur la plage avec sa serviette pour bronzer, ne m’attire pas. J’aime partir en voyage, de façon un peu sauvage. Je le faisais beaucoup avec mes parents et je continue d’ailleurs, notamment avec mon frère. Nous partons en randonnées, dans le Lot notamment, parcours les GR. J’aime partir, sans trop savoir où je vais aller… L’idée de « partir » me paraît essentielle et me plaît beaucoup !

Chanteur, parolier, acteur, metteur en scène, auteur, coach de « The Voice »… Est-ce que la réalisation ou l’écriture d’un film, vous plairait ?
Après avoir écrit le roman « L’homme qui ment », j’ai écrit son scénario. Pour des raisons personnelles, j’ai suspendu le tournage mais j’ai bien sûr gardé le contact avec Claire Barré, la co-scénariste (avec qui j’ai travaillé également sur « Les souliers rouges »). Ça me plairait beaucoup de reprendre le tournage ! Et pourquoi pas, avoir la même démarche avec mon prochain roman « Quand arrive les chevaux » ? Ce livre est consacré à ma mère (de façon plus surréaliste), j’aimerai le porter à l’écran… Mais tout est une question de timing. Me reste-t-il encore assez de temps, pour pouvoir faire un film ? Je n’en sais rien mais je l’espère.

Vous avez prêté votre voix, à un documentaire animalier, pour France 5. Quel message souhaitez-vous faire passer en participant à ce film ?
Je suis très heureux que vous me parliez de ce film documentaire, produit par Jean-Louis Serrano, qui est un ami d’enfance. J’ai prêté ma voix pour quelques films, que j’ai beaucoup aimé.
Ce film est très poétique. Le brame du cerf est une période que j’apprécie énormément. J’ai personnellement, compris beaucoup de choses dans « Sa majesté le cerf ». L’approche y est extraordinaire et la raison écologique du film m’intéressait. J’en apprends beaucoup et je le regarderai à nouveau avec plaisir, car c’est une chorégraphie magnifique sur la vie et sur ce que nous sommes. Il y a un autre film documentaire, que j’ai aimé à la folie et que j’aimerai vous recommander sans modération : « Seule la terre est éternelle » de François Busnel – c’est une pure merveille !

Vous dites : « L’ignorance permet de découvrir chaque jour quelque chose » – Qu’avez-vous découvert sur vous, récemment ?
Je ne suis pas un ignorant, n’exagérons rien (rires) mais j’ignore des choses. Je suis d’ailleurs souvent étonné, de constater que beaucoup de personne qui s’adressent à nous (notamment à la télé), sont certaines d’avoir raison… Cette notion m’est très mystérieuse. Elles ont la réponse, le dernier mot, la certitude. Personnellement, je ne suis fait que d’incertitude, le dernier mot ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse c’est d’avoir un accord collectif autour d’une démarche pour trouver une solution. Il est vrai que j’aime la médecine, la littérature, la peinture, la loi, la nature… en m’adressant à ces professionnels, j’apprends tous les jours. Ça m’intéresse toujours de partir du postulat de l’ignorance pour découvrir peu à peu aux contacts des autres et de leur savoir. Construire me paraît plus intéressant que la dénonciation.

Nous avons découvert les premiers épisodes de « I3P » sur TF1, est-ce qu’une suite est prévue ?
J’ai adoré l’aventure… Du texte, au réalisateur, à l’équipe des comédiens (dont Barbara Schulz, que je salue). C’est assez difficile de parler de ce projet, parce que je n’ai pas tellement compris comment il a été défendu par la chaîne. Je pense que lorsque l’on n’aime pas quelque chose, il ne faut pas y aller. C’est dommage de donner autant de soi (j’intègre toute l’équipe) pour un projet qui n’est pas défendu à sa juste valeur. Je doute qu’il y ait une suite…

Quels sont vos futurs projets ?
J’écris beaucoup de chansons, je dessine, je fais de la photographie… Le principal projet étant de continuer… Je prépare un nouveau livre de photographie, de dessin et de collage. J’aimerai m’associer à l’album instrumental de Fabrice Aboulker. Nous écrivons d’ailleurs, ensemble, un nouveau spectacle musical et je souhaite revenir au théâtre, prochainement.

Que pourriez-vous souhaiter aux lecteurs du LiFE magazine ?
D’être si possible heureux ! C’est compliqué aujourd’hui mais c’est possible. La vie est belle, quand elle est belle et ça lui arrive souvent. Je leur souhaite tout ce qu’ils souhaitent. Réussir leur projet de vie, d’être heureux en famille !