Les secrets du Rhône refont surface

Plongée dans la mission archéologique 2025

Sous la surface du Rhône, entre les reflets d’Arles et les alluvions du temps, les archéologues poursuivent l’exploration d’un patrimoine exceptionnel. Ils ont une nouvelle fois remonté les traces d’un passé fascinant. Menée par le musée départemental Arles antique, en collaboration avec le Centre Camille Jullian, l’Inrap et le Drassm, la dernière mission de fouilles subaquatiques a révélé la richesse insoupçonnée du patrimoine enfoui dans le fleuve, offrant un regard inédit sur la vie des hommes et des bateaux qui animaient jadis les rives provençales. Trois opérations ont été conduites pour explorer les vestiges d’un ancien port romain, autrefois l’un des plus dynamiques de Méditerranée.

Un fleuve empreint de mémoire

Parmi les découvertes, une petite embarcation de cinq mètres, datée du Ier siècle et baptisée Arles-Rhône 15, s’est distinguée par son étonnant état de conservation. Les prélèvements de bois permettront de déterminer les essences utilisées par les charpentiers de l’époque. Ces analyses minutieuses révéleront sans doute les savoir-faire des artisans romains, experts dans l’art de construire pour durer. Plus loin, un sondage a révélé un dépotoir portuaire : amphores brisées, bouchons, vases, traces de vie quotidienne, attestant l’intensité des échanges fluviaux. Une pièce de charpente massive, issue d’un grand navire antique, a également été retrouvée : la 25 épave recensée dans le Rhône. Enfin, l’épave AR7, datée du III siècle, a livré une découverte spectaculaire : un trésor de plus de 850 monnaies en cuivre et en argent, reflet d’une époque prospère où le Rhône reliait la Provence au vaste monde méditerranéen. Ce butin exceptionnel raconte la vitalité commerciale et les échanges incessants entre le port et la mer. Les prochaines campagnes de fouilles promettent déjà d’autres révélations. Sous le Rhône, l’histoire ne dort jamais tout à fait : elle attend qu’on la redécouvre pour mieux s’en émerveiller.