LA PROVENCE Échappée belle et gourmande en provence

Noël en Provence : traditions, authenticité et partage
Le Noël provençal est une fête riche en coutumes, traditions païennes ou religieuses, mais aussi un moment privilégié de préparer une table conviviale. Qu’elle soit modeste ou somptueuse, chaque famille souhaite qu’elle soit belle, chaleureuse, et source d’émerveillement.
Les festivités débutent le 4 décembre, jour de la Sainte-Barbe, quand on sème le blé dans des petites assiettes. Le blé en herbe, selon un rite de fécondité datant de l’Antiquité, représentait les prémices de la moisson pour favoriser le bon œil sur la prochaine récolte. Le blé de la Sainte-Barbe est depuis devenu un élément de décoration pour la période de l’Avent et sur la table du réveillon de Noël.
La façon dont est mis le couvert est pleine de symboles : trois nappes blanches sont disposées sur la table, faisant allusion aux trois personnes de la Sainte Trinité, “Une pour le Père, une pour le Fils, une pour le Saint-Esprit”. D‘abord la plus longue, puis la moyenne et enfin la plus petite au-dessus, en prévision des trois repas, celui du 24, le repas du midi du 25, et celui du 26 appelé deuxième fête de Noël. On enlevait la nappe qui avait servi après chaque repas. Le 24 décembre, le soir du gros souper est en réalité plutôt maigre. On évite de trop manger en cette veille de Noël. Pas de viande, mais de la morue, du muge, des escargots, de l’omelette, de la sole, de l’artichaut, des lentilles et des salsifis.
Les treize desserts sont disposés sur la table, mais pas touche ! Ils sont dégustés au retour de la messe de minuit avec le vin cuit. Il n’y a jamais eu de liste officielle, mais il en faut treize, avec des incontournables comme la pompe à l’huile, le nougat blanc et noir, les fruits confits, les dattes et les quatre mendiants : noix ou noisettes, figues sèches, amandes et raisins secs. On trouve aussi les fruits frais, comme les mandarines, pommes, poires, raisins, ainsi que des confiseries comme les calissons, la pâte de coing ou la pâte d’amande. Selon la tradition, chaque convive doit manger un peu de chaque dessert pour s’assurer bonne fortune durant l’année.
La tournée des Chants de Noël est un moment magique en Provence, avec 65 concerts gratuits du 2 au 22 décembre 2023. Cette année, 7 formations vous invitent à un voyage à travers les Noëls du monde, dans les églises, théâtres et salles de spectacle.
Noël en Provence est un mélange de traditions anciennes et de festivités modernes, un temps pour se retrouver en famille et une invitation à partager de délicieux repas.

 

Les fruits confits : joyaux de la gastronomie provençale

En Provence, les fruits confits brillent comme des trésors sucrés, au cœur de la riche tradition gastronomique de la région. Que ce soit sur la brioche des rois, dans les calissons ou parmi les treize desserts, ces gourmandises sont incontournables. Derrière leur délicieuse saveur se cache un savoir-faire artisanal ancestral qui perdure à travers les siècles.
Au début du 16e siècle, la Provence, bien que dotée d’une terre fertile, était en proie à la pauvreté. Néanmoins, une grande quantité de fruits se perdait chaque année. C’est à cette époque que Nostradamus, natif de Saint-Rémy-de-Provence, a eu l’idée de les conserver en les confisant dans du sucre. Il a développé la technique des bouillons successifs et a partagé ses secrets dans le “Traité des fardements et confitures” en 1555, enseignant comment “confire petits limons et oranges tout entiers”.
Le processus de confisage est une véritable alchimie. Chaque fruit est traité de manière spécifique. Certains, comme les mandarines, sont blanchis pendant plusieurs jours pour les assouplir, sondés avec une aiguille pour vérifier leur degré de cuisson avant d’être ajoutés au sirop de sucre. Jour après jour, l’eau du fruit est remplacée par le sirop. D’autres fruits plus fragiles, comme les fraises, ne nécessitent aucune cuisson préalable et sont délicatement immergés dans le sirop. Une fois confits, ils sont glacés (trempés dans un dernier sirop qui les cristallise) pour conserver leur moelleux et leur permettre de rester sec au toucher.
Des entreprises artisanales comme Fruidorex à Éguilles et Lilamand à Saint-Rémy-de-Provence perpétuent cette tradition, tout comme Béchard, Brémond et Léonard Parli à Aix-en-Provence, qui continuent de confire divers fruits, notamment les abricots. Dans leurs vitrines, les melons entiers confits sont une invitation à la gourmandise…
La Provence est également célèbre pour ses calissons composés d’une fine pâte d’amande, agrémentée d’oranges et de melons confits, nappée de glace royale et dressée sur un papier d’hostie, dont la forme effilée évoque l’amande. Cette spécialité d’Aix-en-Provence, remontant au 15e siècle, puise son inspiration dans diverses traditions méditerranéennes, notamment grecques et romaines, qui mélangeaient déjà des amandes et des fruits confits.
Les fruits confits et le calisson, véritables emblèmes de la richesse culinaire provençale, dévoilent la magie d’une terre baignée de soleil riche en saveurs. La Provence célèbre la beauté de ses produits locaux, tout en préservant des traditions séculaires qui enchantent les gourmands du monde entier.

Le Mas de la Cure : sanctuaire du cheval camarguais
Niché au cœur de la Camargue, en face du célèbre Château d’Avignon, le Mas de la Cure incarne l’histoire de la région, dans laquelle un passé riche et foisonnant se dévoile sur ses terres.
Au 19e siècle, un personnage emblématique de la région, Louis Noilly-Prat, négociant en vin renommé pour son Vermouth, a laissé une empreinte indélébile sur ce lieu en faisant l’acquisition du Mas de la Cure, et du Château d’Avignon. Le mas devient une propriété viticole étendue sur 283 hectares, véritable tour de Babel dans les marais. À cette époque, la Camargue était l’un des rares endroits à résister à la crise du phylloxéra, l’insecte dévastateur qui a ravagé les vignes de la France entière. Grâce à un système d’irrigation inondant les vignes, le Mas de la Cure a contribué à préserver ce trésor viticole. Le domaine est devenu un véritable village, abritant une chapelle, une boulangerie, une forge, une bergerie, un réfectoire et des logements. Après la Première Guerre mondiale, le vin devenant moins rentable, incite les propriétaires à se tourner vers d’autres cultures, comme le riz et les asperges, bénéficiant d’un système d’irrigation exceptionnel.
Vendu en 1985 au Conservatoire du littoral, le Mas de la Cure trouve sa véritable vocation en 2002. Un groupe de passionnés, réunis au sein de l’association La maison du cheval de Camargue, prend les rênes de la propriété. Au programme : rénovation des bâtiments, création d’un manège et acquisition d’une trentaine de chevaux. Aujourd’hui, il est devenu un sanctuaire de la tradition équestre, accueillant des scolaires, mais aussi des personnes handicapées, grâce à l’équithérapie. L’association prévoit d’y ouvrir un musée du cheval, pour vivre une immersion dans l’histoire de cet animal, dans la pure tradition des gardians.
Ici, il est une véritable icône, capable de réagir face à un taureau pour le guider dans un pré. Il chérit sa liberté, vivant en plein air toute l’année. Un arrêté ministériel de 1978 lui a accordé une définition de race spécifique, protégée par la loi. Aujourd’hui, il est principalement utilisé par les éleveurs, dans le travail des taureaux et les concours. Sa caractéristique la plus remarquable réside dans sa capacité à se reproduire en liberté, et à être l’une des races les plus prolifiques de France.
C’est au Mas de la Cure, dans ce lieu unique, que l’histoire et la nature se rejoignent pour former un ensemble unique et enchanteur.

 

Biodiversité : les Bouches-du-Rhône protègent leur trésor naturel

Avec plus de 9 000 espèces répertoriées, dont 525 sont protégées et 201 en danger d’extinction, le département des Bouches-du-Rhône possède une biodiversité exceptionnelle. Pourtant, ces richesses naturelles sont menacées par la destruction des habitats et la fragmentation des écosystèmes.
En tant que premier Département propriétaire d’espaces naturels en France, le Conseil départemental avec 18 000 hectares sous sa tutelle, joue un rôle clé dans la sauvegarde des espèces végétales et animales. Il a initié une politique innovante de préservation de la biodiversité, devenant un exemple au niveau national. Ainsi, il a intégré la biodiversité dans toutes ses politiques publiques, de l’aménagement du territoire à l’éducation, en passant par l’insertion, l’agriculture, le tourisme et la culture.
Des mesures concrètes pour la préservation de la biodiversité ont été prises, notamment concernant le martinet noir, un petit oiseau migrateur bien connu en Provence, qui a vu sa population décliner. Pour le sauver, 80 nichoirs ont été installés dans les collèges et les communes volontaires. Le programme Provence verte vise à verdir les villes, en finançant des projets de végétalisation de l’espace public. En seulement 3 ans, ce dispositif a permis la plantation de 4 420 arbres, la réalisation de 25 projets à visée nourricière et de 81 aménagements pour lutter contre la chaleur.
La Réserve naturelle nationale de Sainte-Victoire, propriété du Département, jouit d’un des plus hauts niveaux de protection en France. Des espèces rares, comme la Genette commune, ou protégées, comme l’Aigle de Bonelli, y nichent. Ce site fait l’objet de nombreuses opérations d’inventaires participatifs et biologiques. Les chauves-souris, avec 23 espèces recensées, font l’objet d’un plan national de sauvegarde, auquel le département contribue. Les domaines Départementaux de Lambruisse et Saint-Pons sont reconnus comme sites pilotes de préservation.
Le site hop-levivant.fr est un véritable atlas de l’ensemble des espèces sauvages observées sur le territoire des Bouches-du-Rhône qui vise à partager les connaissances sur les 3 200 espèces recensées. Il complète les différents ouvrages réalisés à des fins pédagogiques, comme l’Atlas de la biodiversité etl’Atlas des paysages.
La richesse de la biodiversité est un patrimoine collectif qui mérite d’être préservé pour les générations futures.

Les trésors du Rhône : plongée dans l’histoire engloutie

À Arles, ville imprégnée d’histoire bordée par le Rhône, certains mystères du fleuve sont encore impénétrables. Depuis la découverte en 2004 du chaland Arles-Rhône 3, classé Trésor national par l’État, les archéologues du musée départemental Arles antique (MDAA) n’ont jamais cessé d’explorer les profondeurs du Rhône, révélant progressivement les vestiges d’un passé riche et enfoui. Le MDAA, acteur majeur de la recherche archéologique dans la région, joue un rôle crucial dans la mise en lumière de ces trésors historiques. Il participe non seulement à des programmes de recherche, dirige des opérations archéologiques programmées, mais partage également ces découvertes. Récemment, une opération d’envergure a captivé l’attention, à l’échelle nationale et internationale. La fouille du dépotoir portuaire antique et de l’épave Arles-Rhône 3 a marqué un tournant majeur dans cette quête archéologique. Elle a abouti au renflouage d’un chaland gallo-romain, constituant une précieuse découverte historique, méritant d’être restaurée et exposée. Cette embarcation, la plus complète jamais découverte pour la période romaine, a inspiré la création d’une nouvelle aile à ce musée, consacrée au port fluviomaritime d’Arles à l’époque romaine. Elle abrite également près de 480 objets sur des sujets tels que la navigation, le commerce et les activités portuaires.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En 2023, les archéologues subaquatiques du MDAA se sont à nouveau aventurés dans les mystères du fleuve, dans le cadre de l’opération  » Rhône 2023″, première étape d’un programme de recherche, promettant de révéler encore plus de trésors enfouis. Cette mission audacieuse vise à localiser et évaluer l’état de conservation de plusieurs épaves romaines datant du Ier au IVe siècle. Elle comprend la recherche d’une barque, d’un petit bateau maritime, ainsi que de trois navires fluviomaritimes. Les études et analyses déjà menées sur les chalands gallo-romains Arles-Rhône 3 et 5 attestent de l’importance des données que l’on peut extraire d’épaves d’une telle qualité de conservation et fournissent un aperçu précieux de la vie maritime et des activités portuaires de l’Antiquité.
L’exploration archéologique sous-marine nous rappelle à la fois que nous devons préserver et explorer le passé et que le patrimoine historique peut résider sous les flots. Le Rhône offre une fascinante fenêtre sur le passé et l’histoire de la région d’Arles. Avec ses mystères insondables, il continue d’étonner et de fasciner.

Archipel du Frioul : entre histoire et nature

L’archipel du Frioul situé au large de Marseille offre une destination hors des sentiers battus, au cœur du Parc national des Calanques. Une combinaison unique de paysages sauvages, marqués par l’histoire. Autrefois forteresses militaires, les îles sont aujourd’hui une évasion pour les amoureux de la nature, éloignées du tumulte de la ville.
Rattaché au 7e arrondissement de Marseille et accessible uniquement par la mer, cet archipel est composé de quatre îles, dont les principales sont Ratonneau et Pomègues, reliées par une digue. Au fil des siècles, elles ont joué un rôle clé dans l’histoire militaire de Marseille de par leur position stratégique au cœur de la rade. Des premiers forts construits sous Henri IV, aux vestiges laissés par les bombardements alliés lors de la Seconde Guerre mondiale, l’archipel porte toujours les stigmates de son passé. Les îles ont également eu un rôle important dans la protection de la ville contre les épidémies.
Cette nature façonnée par le mistral et les embruns permet de découvrir des paysages diversifiés, mélangeant calanques, falaises de calcaire, plages et criques. Malgré le climat aride, la faune et la flore y sont exceptionnelles. On y dénombre quelque 350 plantes typiques du littoral marseillais, dont 20 rares et protégées. Les lieux sont un refuge pour les oiseaux marins. La vie sous-marine y est foisonnante.
Son exploration commence à Port-Frioul, situé sur l’île de Ratonneau, avec sa petite chapelle aux allures de temple grec. L’île abrite quelques habitations, des restaurants et des commerces. De là, dirigez-vous vers la calanque de Saint-Estève, avec sa plage équipée d’un sentier sous-marin balisé en été. La Maison des Pilotes, offrant une vue imprenable sur la mer, est également un incontournable. En traversant la digue de Berry, vous rejoignez l’île de Pomègues, la plus sauvage et inhabitée, prisée pour ses plages et ses sentiers le long des falaises. La Tour du Poméguet, située au-dessus du port offre une vue panoramique spectaculaire. L’île d’If est entièrement occupée par le célèbre château d’If, première fortification de l’archipel construite en 1531 par François 1er.
Une liaison maritime régulière assure la connexion à l’Archipel du Frioul toute l’année depuis le Vieux-Port de Marseille.
www.lebateau-frioul-if.fr

L’Eden Théâtre : le plus ancien cinéma du monde

Véritable icône culturelle, la plus ancienne salle obscure encore en activité, l’Eden Théâtre a joué un rôle fondamental dans l’histoire du 7e art. Situé à La Ciotat, berceau mondial du cinéma, il continue de faire briller l’esprit des frères Lumière.
Le 21 septembre 1895, un événement inoubliable se déroule dans la résidence ciotadenne des frères Lumière. La première représentation privée au monde de leur invention révolutionnaire, le cinématographe, attire les notables de la ville, parmi lesquels Raoul Gallaud et Adelaïde Soula, les propriétaires de l’Eden Théâtre, situé à proximité. C’est ici que débute l’histoire du cinéma.
L’Eden Théâtre est à l’origine une salle de spectacle construite en 1889 par le Marseillais Alfred Seguin. Elle accueillait des troupes de théâtre itinérantes, des chanteurs d’opérettes et des concerts, devenant rapidement le lieu culturel incontournable de la ville. En octobre 1895, les nouveaux propriétaires, Raoul et Adelaïde, suggèrent à leur ami Antoine Lumière d’organiser une séance publique du tout nouveau cinématographe dans leur salle de spectacle. Malgré quelques problèmes techniques, la séance est mémorable. Le mariage du cinéma et de l’Eden est alors scellé.
Très rapidement, et pendant près de cinquante ans, la salle devient exclusivement un lieu dédié au 7e art. Mais dans les années 70, la crise du cinéma met progressivement un terme aux projections de films. Paradoxalement la création d’un Festival dédié aux frères Lumière en juillet 1981 sonne le glas de l’Eden, qui restera fermé pendant près de trente ans. 2013 marque sa renaissance, grâce à l’association Les Lumières de l’Eden, dont Claudia Cardinale et Daniel Toscan du Plantier sont les parrains. Après plusieurs mois de travaux et le soutien des collectivités et de l’État, un nouvel Eden renaît de ses cendres. Classé salle d’art et essai avec un label Patrimoine, accueille aujourd’hui plus de 28 000 spectateurs par an et il continue de prospérer.
La reconnaissance internationale arrive en 2021 lorsque l’Eden Théâtre est officiellement reconnu par le Guinness des records comme la plus ancienne salle en activité au monde. Un processus qui a demandé deux ans de travail minutieux, d’enquête et de recherche, réunissant des preuves de son existence sur plus de 130 ans. La dernière séance n’est pas pour demain.