Quelle est la particularité de cette édition du 13 heures que vous avez repris voilà maintenant presque 4 ans ? Comment vous l’êtes vous approprié ?
Le Journal de 13 heures c’est Le carrefour info de la mi-journée. C’est un moment où l’attention, l’attente ne sont pas tout à fait la même que tôt le matin ou le soir à 20 heures.
Les rendez-vous d’information de France Télévisions sont par conséquent complémentaires. Notre ligne éditoriale à 13 heures, c’est l’actualité brute, le décryptage et la proximité. Avec des partis pris éditoriaux, la consommation notamment, qui s’est imposée comme l’un des principaux sujets de préoccupation des Français. Le journalisme de «solution» avec notre rubrique «une idée pour la France», qui est un vrai beau succès et qui met en avant les initiatives et les solutions sur les grands sujets de société, l’agriculture, l’alimentation, le handicap, l’environnement, le grand âge etc… Ça fait du bien de mettre à l’honneur ceux qui innovent et se bougent pour les autres et qui améliorent le quotidien de tous.
Cette année nous avons également lancé une nouvelle rubrique autour du patrimoine et de son histoire. Elle s’intitule tout simplement : «un lieu, une histoire». C’est aussi la «touche service public» : apporter de la hauteur de vue et une certaine mise en perspective. Visiter Chambord oui mais avec un éclairage sur son bâtisseur François 1er.
Le Journal de 13 heures est un formidable rendez-vous d’information, qui me correspond. Et qui laisse plus de place au naturel, à la spontanéité, à une forme d’humeur. C’est aussi ce qui me plaît, être soi-même à 100 % !
Autour de moi des chroniqueurs qui forment la «bande du 13 heures». Et puis la culture aussi, avec une place importante faite au cinéma et des invités réguliers.
Vous n’êtes pas confronté directement à votre public. Comment entretenez-vous un contact avec vos téléspectateurs ?
La proximité est immense. Le Journal télévisé est le seul rendez-vous où l’on s’adresse directement aux téléspectateurs. Les «yeux dans les yeux» entre 2,5M et 3 M de personnes chaque jour pour l’édition du 13h. Pour renforcer le formidable lien de confiance, nous avons initié avec mon rédacteur en chef Thomas Horeau les délocalisations du 13 heures. Plusieurs fois par an, on installe nos caméras dans une commune de France, autour d’un grand thème central : désert médicaux, désertification des petits commerces, protection du littoral, pouvoir d’achat etc… avec l’état des lieux d’une situation et les solutions pour y remédier. Et à chaque fois c’est une réussite, des milliers de gens viennent nous voir, nous rencontrer, c’est mon shoot de proximité et franchement c’est revigorant.
J’aime les rencontres, les gens et transmettre leur histoire. C’est aussi ce qui me nourrit pour fabriquer tous les jours avec toutes les équipes le journal de 13 heures. Moi qui ai grandi à Blois, et à la campagne dans la vallée de la Loire j’ai besoin de cette proximité. C’est utile aussi pour être connecter à l’humeur du pays.
Comment votre parcours vous a-t-il façonné pour aborder les nouvelles, et quelle est votre vision pour rendre l’information accessible et pertinente pour les téléspectateurs ?
Jacques Chancel disait souvent, «il ne faut pas donner au public ce qu’il aime mais ce qu’il pourrait aimer». Je trouve cette phrase extrêmement juste. C’est ce que j’essaie de faire à mon niveau, au quotidien. Apporter des réponses claires et didactiques à des sujets d’actualité complexes. Ne jamais être manichéen et avoir toujours en tête l’art de penser contre soi-même.
Mon parcours est très atypique. Je suis autodidacte. Le bac en poche à 18 ans,
je pars pour Londres où j’enchaîne les petits boulots avant d’entrer par la grande porte à Bloomberg TV. Une expérience extraordinaire qui a changé ma vie. 4 ans d’aventure à apprendre le métier avec de belles rencontres. Le retour en France en 2005 pour le lancement de BFMTV avec Alain Weill. Puis l’aventure i-télé pendant 2 ans avant la présentation du journal de 20 heures, en tant que joker de David Pujadas. J’avais à peine 29 ans et déjà un chouette parcours derrière moi.
En fin de compte, quel est le rôle du journaliste dans la société moderne, et quel impact espérez-vous avoir grâce à votre travail sur France 2 ?
Notre rôle est capital. Aujourd’hui la désinformation est partout et il y a une perte de repère entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. 70 % des 15-34 ans utilisent quotidiennement les réseaux sociaux pour s’informer. Il y a un risque réel de manipulation des esprits, on l’a vu avec la Russie, l’élection américaine ou encore en Afrique subsaharienne.
Là est notre rôle. Nous apportons une information juste, vérifiée, rigoureuse, sourcée et avec systématiquement un contradictoire. C’est ce qui explique d’ailleurs l’immense succès des journaux d’information dont on prédisait il y a quelques années la disparition.
A 20 heures par exemple, le cumulé des 2 journaux d’informations France 2
et TF1, cela représente 11 millions de téléspectateurs au global.
Que faites vous pour relâcher la pression et vous détendre? On me dit que les sports avec sensations fortes ont toute votre attention ! (Rires)
Oui, j’aime m’évader et changer d’univers. Les sensations fortes me font sentir vivant. J’ai toujours eu le goût du risque. C’est aussi ce que j’aime dans mon métier, avoir la chance d’entrer dans des univers et des métiers hors normes. Partir au Mali avec les soldats français des forces spéciales, sauter en parachute au-dessus du Mont Saint-Michel. Passer la journée avec les chercheurs de l’institut Pasteur. C’est une chance inouï, que nous avons nous les journalistes et je continue de m’en émerveiller.
Si vous deviez changer radicalement de métier quel serait-il ?
Devenir aventurier peut-être ? J’adore les récits de voyage et les grandes épopées. L’un de mes coups de cœur : dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson
Vous êtes plutôt team passion ou team raison ?
Team passion ! C’est un peu mon grand défaut, j’ai dû mal à rester en place. Suis un passionné de sport, de voyage, de cinéma… et de bonnes tables !
J’ai du mal à ralentir mais avec l’âge on apprend aussi la raison.
Si vous deviez nous faire une petite confidence, quelle serait-elle ? (Sourire)
J’adore le jardinage ! Planter, semer, creuser, les mains dans la terre… c’est revigorant, et ça vide la tête. On ne pense à rien, juste le contact avec la nature. Ça fait du bien.
Savez vous d’ailleurs que lorsque vous êtes dans la nature, votre stress diminue de 25 % !
Que pourriez-vous souhaiter à nos lecteurs du LiFE magazine ?
Le bonheur de la curiosité. (Sourire)