Christine Kelly, journaliste reconnue et ancienne membre du CSA, est une figure emblématique de l’information en France. Sur CNews, elle s’illustre par son engagement en faveur de la liberté d’expression, tout en naviguant habilement dans un paysage médiatique souvent tumultueux. Connue pour son calme et sa maîtrise de soi face aux critiques, elle offre une perspective unique sur le rôle des femmes dans les médias. Rencontre avec une femme solaire et déterminée.
Comment évaluez-vous l’importance de la liberté d’expression dans le paysage médiatique actuel ?
L’important est de connaître l’ennemi. Et on reconnaît l’ennemi à sa volonté de vous faire taire. Dans ce monde d’inversion de valeurs où le bien est devenu le mal et le mal, le bien, il est intéressant de constater qu’au nom de la liberté d’expression, on la restreint. Il est important de souligner que l’on vous explique tous les jours que, pour le bien de la liberté d’expression, on va vous empêcher de parler, on va vous empêcher de tenir une conférence, on va vous empêcher de développer vos arguments, on va vous demander de vous taire, on va fermer une chaîne de télévision. On va vous menacer de mort si vous avez un langage ou des arguments qui ne conviennent pas à certains. Au nom de la liberté d’expression et au nom de la liberté, chaque jour qui passe, nos libertés sont restreintes et notre liberté d’expression est étouffée, piétinée.
Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez en tant que journaliste sur CNews ?
Les principales difficultés sont la violence de l’actualité, qui exige de trier les événements pour en rendre compte à l’antenne. Cela génère un stress constant, car l’actualité ne s’arrête jamais. De plus, les journalistes de CNews sont souvent attaqués et critiqués, accusés de désinformation lorsque les informations ne plaisent pas à certains. Un trait essentiel des journalistes de CNews est le courage, celui de rester en phase avec les Français et de témoigner malgré les difficultés.
Rien ne semble vous perturber. Comment parvenez-vous à garder votre calme sur l’antenne, surtout lors de débats houleux ?
Je ne suis pas exemplaire et je n’aime pas les débats houleux. Je préfère la force de l’argumentation à des échanges bruyants. Je choisis le sourire et la réflexion pour maintenir mon calme intérieur. Dans le journalisme, il est important d’écouter et de savoir rejeter ce qui ne nous convient pas. Cultiver son calme intérieur est essentiel, car les invectives sont comme des cailloux dans un étang : elles provoquent des vibrations, mais l’étang retrouve rapidement son calme. La clé est de savoir quand entrer dans le conflit et quand s’en abstenir, en faisant de l’inconfort son terrain de jeu.
Avez-vous des stratégies pour gérer les attaques personnelles que vous pouvez recevoir ?
Je reçois souvent des encouragements comme « Courage » face aux attaques personnelles, et j’apprécie sincèrement ces mots. Les attaques surviennent dès qu’on se démarque. J’apprends à ma fille que chacun fait face à des critiques lorsqu’il est différent. On peut soit se conformer, soit affronter ces attaques. C’est un combat pour maîtriser ses réactions et choisir ses batailles. Je cultive ma foi chrétienne, ce qui me donne force et résilience. S’engager dans la justification des attaques, c’est perdre le combat. Le vrai pouvoir réside dans le contrôle de soi et le silence, qui n’est pas une faiblesse. Les grands leaders choisissent leurs combats avec discernement, et souvent, les autres ignorent les luttes que nous menons en privé.
Quelle est votre vision du rôle des femmes dans les médias aujourd’hui ?
Les femmes sont des journalistes, productrices ou des animatrices comme les autres et comme les hommes. Je pense que les femmes ont eu du mal à gagner une certaine respectabilité dans le métier du journalisme et des médias de façon générale. On peut encore voir certaines disparités. On peut encore voir que certains postes sont réservés aux hommes. Mais la réalité, c’est que la question est bien au-delà de cela. La véritable question est que, maintenant que les femmes ont réussi à prouver qu’elles sont des journalistes comme les hommes, qu’attendons-nous pour ne plus faire de différence entre l’homme et la femme au niveau professionnel dans les médias et apprécier, juger sur le résultat final et pas sur le genre ou l’apparence ?
Quelles sont vos sources d’inspiration pour aborder ces sujets sensibles ?
Ma source d’inspiration est spirituelle et vise à protéger mon hygiène mentale pour affronter des sujets sensibles. Tout comme les sportifs, je crois qu’il est crucial de se déconnecter et de se ressourcer hors antenne. Je m’efforce de cultiver des activités qui m’apportent sérénité, comme la méditation ou la lecture, afin de garder un équilibre émotionnel. Pendant le week-end, je déconnecte complètement, j’éteins mon portable et consacre du temps à ma famille et à mes amis. Je privilégie le moment présent, en faisant une chose à la fois, car cela me permet de recharger mes batteries et d’aborder ma semaine avec une nouvelle énergie.
Qu’est-ce qui vous met de bonne humeur pour démarrer une journée ?
Pour démarrer ma journée, je me lève, je souris, je fais mon lit, je prie et je suis de bonne humeur. Et régulièrement, je me dis que j’ai la chance de ne pas avoir mal nulle part, de voir le soleil, d’entendre les oiseaux chanter, de pouvoir respirer, de pouvoir se dire qu’on a une journée à soi et de pouvoir la savourer. Pour bien commencer la journée, j’écoute souvent mon musicien préféré, Ludovico Einaudi.
Vous êtes l’auteur de plusieurs ouvrages, dont le dernier, Femmes en politique. Avez-vous un nouveau projet d’écriture en vue ?
Je sors mon prochain livre en septembre sur mon changement de forme physique. J’y travaille. Une façon de partager avec mes lecteurs du Journal du dimanche et téléspectateurs de CNews quelques coulisses de mon parcours, de ce que j’ai vécu et ce qui a entrainé cette transformation physique évoquée plus tôt. Un changement physique qui a été une conséquence mais qui n’a pas été un but en tant que tel. Pas de sujet politique cette fois mais une certaine réflexion sur l’adéquation entre son hygiène mentale et son physique.
Que pourriez-vous souhaiter aux lecteurs du LIFE Magazine ?
Apprendre à savourer chaque instant, respirer, voir, entendre, toucher, goûter, sentir, ressentir. Ce que je souhaite aux lecteurs du LIFE Magazine, c’est d’aller tous les jours vers une meilleure version de soi-même, de protéger son mental, de surveiller son hygiène physique, de se donner des challenges, des objectifs, des avancées personnelles, des projets, de pouvoir garder cette petite flamme, non pas d’espoir, mais d’espérance face à la vie. Et plus le monde a l’air de s’écrouler, plus il faut garder une altitude, une espérance, afin de faire face à la vie qui nous sourit malgré tout.
Transmettre l’espérance et transmettre la persévérance. La persévérance est un choix. Celui de ne pas abandonner malgré les obstacles.