La pétillante journaliste et présentatrice du journal télévisé du 13h00 de TF1, Maria-Sophie Lacarrau se confie aux lecteurs du LiFE magazine sur son métier passion, son rituel, ses envies, pour notre plus grand plaisir.
Quelle est la particularité de cette édition du 13 heures que vous avez repris voilà maintenant presque 2 ans ? Comment vous l’êtes-vous appropriée ?
Cette édition du 13h, c’est le journal de la vie et de l’avis… J’aime bien le jeu sur ces deux orthographes. Notre priorité est de traiter de l’actualité du jour en choisissant celle qui résonne avec le quotidien de nos téléspectateurs. Nous sommes dans leurs préoccupations, dans la vie de tous les jours – ce qui bouge, ce qui change, ce qui évolue – et nous allons toujours chercher leur avis, leurs commentaires, leurs réactions, leurs attentes, leurs frustrations, leurs incompréhensions. Nous voulons donner la parole à celles et ceux qui ne l’ont pas ailleurs. C’est l’information qui part d’en bas, de nos régions jusque dans nos plus petits villages et non de nos décideurs, avec le plus souvent, dès que c’est possible, une dimension positive. J’y tiens vraiment très fort et c’est ce que j’ai cherché à impulser dès mon arrivée. Aller vers les solutions et les initiatives plutôt que vers les problèmes. Nos téléspectateurs nous le disent, ils en ont assez des informations souvent trop anxiogènes. Alors, traitons l’actualité oui, mais en cherchant aussi à voir le verre à moitié plein. C’est ce que nous faisons au 13h avec des nouveaux rendez-vous qui reviennent chaque semaine comme La bonne idée, Les talents de nos régions, etc. Quand je suis arrivée à la tête de ce journal il y a un an et demi, j’ai tout de suite tenu à respecter sa ligne éditoriale car, en fait, elle correspond parfaitement à ce que je suis, à mes valeurs, mes origines et mon attachement à nos régions.
Vous n’êtes pas confrontée directement à votre public, comment entretenez-vous un contact avec vos téléspectateurs ?
Mon premier contact avec les téléspectateurs, c’est le journal et quand je le pense, quand je choisis avec mon équipe les reportages que nous allons traiter, quand je l’écris à mon bureau, je tiens à leur parler directement. Dans mes lancements, je les interpelle, je les questionne, je cherche à les surprendre, à les faire réagir. C’est très important pour moi. C’est un peu comme si je m’installais dans une conversation avec eux. Ensuite, dans notre édition du 13h, nous développons énormément l’interaction. Nous leur donnons la possibilité de nous écrire. Nous avons plusieurs adresses mail le13havoscotés@tf1.fr, labonneidee@tf1.fr, le13haujardin@tf1.fr. Nous recevons alors de très nombreux messages qui nourrissent nos réflexions, qui deviennent parfois des sujets à l’antenne et auxquels nous répondons aussi en direct. Ça, c’est le nouveau rendez-vous depuis cette rentrée de notre journaliste Thierry Coiffier. Chaque jour, il me rejoint sur le plateau et vient répondre à un problème que rencontre l’un de nos téléspectateurs dans son quotidien. Exemples : « j’ai commandé une voiture neuve il y 6 mois et elle n’est toujours pas livrée. Qu’est-ce-que je peux faire ? » « Mon voisin loue son logement en AirBnb, il y a du bruit tous les soirs. Que faire ? » etc. On est dans l’info service, on accompagne ceux qui nous regardent et on leur apporte des solutions concrètes. En plus, au-delà de ce lien qui existe à l’antenne, je reçois de très nombreux courriers directement à TF1 et je réponds à tous. J’aime bien aussi montrer nos coulisses, le quotidien du 13h sur les réseaux sociaux. Et enfin, je participe parfois à des rencontres avec des lecteurs de médias régionaux. J’espère donc que vous l’aurez compris, je ne vis pas dans une bulle. Même si je ne suis plus journaliste de terrain, je garde le lien avec l’extérieur et la vie de tous les jours.
Le regard que les personnes vous portent, a-t-il changé depuis votre prise de fonction ?
Déjà, j’ai été surprise – et cela continue – de recevoir dès mon arrivée au 13h de TF1 des courriers de jeunes téléspectateurs. Des jeunes filles surtout qui me disaient combien c’était motivant pour elles de me voir accéder à ce poste. Dans notre journal à 13h, notre objectif est de s’adresser à toutes les générations, c’est le journal miroir, celui de la famille. Pour répondre plus précisément à votre question, c’est vrai que dans mon quotidien, on me reconnaît davantage dans la rue. Quand je fais mes courses, quand je prends le métro, quand je me balade, quand je rentre chez moi aussi dans ma région en Occitanie, les échanges sont toujours très chaleureux, très bienveillants. La remarque qui revient le plus : « continuez de nous faire du bien ! Votre journal nous informe et il nous apporte aussi beaucoup de bonne humeur. Merci ! », je peux vous dire que cela nous touche tous et là, je parle au nom de toute l’équipe du 13h !
L’émotion est-elle un sentiment que vous cultivez dans votre journal ?
Je ne sais pas trop ce que vous entendez par l’émotion mais ce qui est certain, c’est que je ne cherche jamais le sensationnalisme. En revanche, de l’humeur, de la spontanéité, oui ! Le 13h, c’est un journal où l’on rit – Et Etienne Carbonnier l’a bien repéré pour sa rubrique dans Quotidien sur TMC ! -, c’est un journal où l’on s’enthousiasme et aussi où l’on pousse des coups de gueule, où l’on peut s’agacer de certaines situations pour avancer, pour faire bouger les lignes.
Quel est votre meilleur souvenir à l’antenne ?
Mon meilleur souvenir à l’antenne est finalement assez récent. C’est la finale du plus beau marché de France, ce concours créé par Jean-Pierre Pernaut et que j’ai à cœur de poursuivre avec toute mon équipe. C’est une magnifique opération qui met en avant nos producteurs qui nous nourrissent et cette incroyable ambiance sur nos marchés. C’était en juin dernier, à Narbonne. Les Halles de la ville ont été sacrées plus beau marché de France. Nous avons fait tout le journal sur place, en direct, au milieu des habitants et des commerçants. Il y avait une incroyable énergie et beaucoup de plaisir.
Si vous n’aviez pas été journaliste quel métier auriez-vous voulu exercer ? Êtes-vous une femme de passions ?
Le métier de journaliste a toujours été mon premier choix, dès la classe de 3ème. Si je n’avais pas réussi à m’épanouir dans cette voie, alors, j’aurais bien aimé être correctrice dans l’édition. Lire des manuscrits à longueur de journée et corriger les fautes. Je l’avoue, j’adore toutes les règles d’orthographe, de grammaire, de conjugaison. Les règles et les exceptions, les synonymes pour éviter les répétitions etc. En fait, la richesse de notre langue est merveilleuse et je me régale de la respecter.
Quelle est la personnalité que vous rêveriez d’interviewer ?
J’aurais beaucoup aimé pouvoir rencontrer et interviewer Mère Teresa et l’Abbé Pierre. J’ai une grande admiration pour ces personnes qui ont consacré toute leur vie aux autres. Le don de soi à ce point m’impressionne et me touche. J’aurais aimé qu’ils m’expliquent comment ils en sont arrivés à s’oublier eux-mêmes, en s’imposant qui plus est des conditions de vie extrêmement difficiles, et ce, pour aider des gens dans le plus grand dénuement. Sinon, franchement, dans toutes les interviews que j’ai déjà pu faire, celles qui m’ont le plus marquée, ce sont celles d’anonymes qui ont accepté de me parler, de témoigner dans des moments très difficiles et sur des sujets très sensibles comme les violences faites aux femmes ou la perte d’un enfant.
Avec un emploi du temps chargé, comment arrivez-vous à concilier vie professionnelle et vie privée ?
C’est vrai que mes journées sont chargées. Mais je ne suis pas à plaindre. Je suis une privilégiée. Je fais le métier dont je rêvais dès mes années collège, je fais un métier passion. Contrairement à beaucoup d’autres, je suis consciente que je travaille dans des conditions très agréables. Vous parlez de vie professionnelle et vie privée et vous avez raison, ma famille c’est mon tout. Alors, comme tous les autres parents, je jongle, j’enchaîne deux journées. Une fois chez moi, je suis à 100 % avec mes enfants et mon mari. Quand je quitte le bureau en fin d’après-midi, je fais comme tous les parents qui travaillent : les courses, les devoirs, la cuisine etc. Et j’ai la chance d’avoir tous mes week-ends de libre et j’en profite avec mes proches.
Racontez-nous une journée type de Marie-Sophie Lacarrau ? Peut-on suivre le rythme ?
(rires)
Bien sûr que vous suivriez le rythme ! Je me répète peut-être mais d’autres ont des rythmes bien plus difficiles. Mon réveil sonne à 6 heures, j’arrive à 7h30 au bureau et je retrouve ma super équipe qui est déjà là. Ensemble, nous décidons des sujets que nous allons traiter. Il faut aller vite pour que les équipes aient le temps de partir sur le terrain pour tourner leur reportage, puis assurer le montage, le mixage, avant de nous l’envoyer. Le 13h, c’est le premier journal de la journée, il arrive très vite, on ne doit pas perdre une minute. On sent cette urgence en permanence et je crois que nous aimons cela ! A 8h45, nous sommes en conférence de rédaction avec tous les chefs de service. Je commence à écrire les lancements de chaque reportage du journal vers 10h. J’arrive en plateau très tard, 3 ou 4 minutes seulement avant le générique. L’après-midi, ne croyez pas que c’est terminé ! On se projette sur la suite, sur le journal du lendemain et des jours suivants. On décide de nos sujets magazines, de nos reportages plus intemporels et nous les confions à nos reporters qui vont les tourner. Je rentre chez moi vers 17h30-18h et là, j’enchaîne sur les devoirs (rires). Le week-end, je prends le temps de faire du yoga. Je pratique le ashtanga et le vinyasa, des yogas très dynamiques, depuis 15 ans. Cela fait aussi partie de mon équilibre et ça m’est même indispensable.
Que pourriez-vous souhaiter aux lecteurs du LiFE Magazine ?
Je souhaite aux lecteurs de Life Magazine d’être heureux et optimistes, de savoir profiter des bons moments quand ils se présentent et d’être bien entourés. Ensemble, essayons aussi d’encourager toutes les initiatives positives autour de nous ! Et bravo à toutes celles et ceux qui donnent de leur temps pour une association. Bravo à tous ces bénévoles qui font vivre l’entraide et la solidarité ! Ayons bien conscience que nous avons tous un rôle à jouer, même infime. Et là, je pense tout particulièrement à cette association qui me tient à cœur et dont je suis l’une des ambassadrices. « Un enfant par la main » permet de parrainer un enfant qui en a besoin. Avec 25 ou 30 euros par mois, il peut ainsi être nourri, aller à l’école, être soigné si besoin etc. Ma petite filleule a 12 ans, elle vit au Sénégal et vient d’entrer au collège. Si nous pouvons agir, faisons-le !