Animateur de télévision, critique littéraire, Eric Naulleau publie aujourd’hui son premier roman intitulé « Ruse », aux éditions Albin Michel. Rencontre avec cet homme au franc-parler.
Vous publiez en cette fin d’année votre premier roman. Pourquoi avoir attendu si longtemps?
Je considère que la critique est un genre littéraire à part entière et cette pratique a longtemps comblé mes envies d’écriture, même si j’ai publié quelques nouvelles ici et là. Mais j’avais en tête depuis des années cette image d’un couple qui se reforme alors même qu’un danger de mort pèse sur lui. Elle a trouvé son cadre avec la Bulgarie, mon pays de coeur, et plus particulièrement la ville de Ruse (qu’on écrit aussi Roussé), une ville des bords du Danube qui me fascine. J’ai toujours su que j’écrirais un roman et que ce serait celui-là.
Dès les premières pages on ne peut s’empêcher de faire le parallèle entre l’un des personnages principaux, Serge, et vous. Pourquoi ce choix ?
Si vous demandiez à Serge son idée du bonheur, il vous répondrait sans doute qu’il consiste en un fauteuil, un livre, un chat et une tasse de café… Ma définition personnelle ne tomberait certes pas loin de la sienne. Disons que le personnage est une variante plus aboutie de moi-même. Mais un lecteur m’a fait remarquer que Deliana présente aussi quelques points communs avec ma personne (dans la manière de parler, pas dans l’art du strip-tease), passée la surprise, j’ai bien dû lui donner raison !
Au fil de la lecture on sent une certaine nostalgie d’une époque, que ce soit sur le journalisme, la politique, l’économie… Comme si tout était plus simple avant ?
L’âge venant, le passé ne cesse de gagner du terrain au détriment de l’avenir et la nostalgie n’est peut-être qu’une réaction à cette fatalité. Mais plus essentiellement, comment ne pas être effaré par le grand dérèglement actuel du monde dans les domaines que vous citez et d’autres encore (l’écologie, les migrations…) ? Ni Serge, ni Deliana ne regrettent cependant la Bulgarie d’avant la chute du Mur, loin de là.
L’amour occupe une grande place dans votre livre avec les deux personnages principaux qui malgré une rupture constatent que la complicité et les sentiments ne sont jamais très loin. Est-ce le message que vous souhaiteriez faire passer, que quoi qu’il arrive quand on aime c’est pour la vie ?
Le destin souffle une nuit sur les cendres de leur relation passée et, de manière inattendue, il se trouve que demeurent des braises mal éteintes. Quelque chose de très différent débute alors entre Serge et Deliana, rien ne sera plus comme avant, même s’il s’agit bien d’une deuxième chance. Mais vous avez raison de souligner que Ruse est autant une histoire d’amour qu’un polar.
Aimeriez-vous que ce roman soit adapté au cinéma ?
Certaines scènes, notamment la fin, pourraient donner des très belles images… J’y ai songé avec insistance pendant l’écriture même du roman. Pour jouer Serge, je voyais tantôt un acteur d’aspect un peu fragile comme Mathieu Amalric, soit plus costaud comme Vincent Cassel. Pour Deliana, je proposerais volontiers le rôle à Anjela Nedyalkova.
Après tout ce temps pour avoir publié ce premier roman, le deuxième arrivera-t-il plus rapidement ?
Je travaille sur le deuxième, j’ai pris goût à la fiction. Mais aucune certitude quant à la date d’achèvement.