François-Xavier Demaison

François-Xavier Demaison Comédien

PAUSE CAFÉ AVEC FRANÇOIS-XAVIER DEMAISON

Le comédien François-Xavier Demaison revient avec un troisième one-man-show à son image : des personnages délirants tout en évoquant des moments plus personnels. Alors qu’il multiplie les projets sur les planches et à l’écran, celui qui a incarné Coluche prend le temps de rencontrer LiFE pour un entretien confidence.

D’où vient cette passion pour le théâtre ?

Il y a plusieurs choses qui m’attirent dans le théâtre. Pour commencer l’envie d’attirer l’attention. Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours voulu me faire remarquer, surtout pour attirer l’attention des filles. J’ai poursuivi, notamment en intégrant le Cours Florent et lorsque j’ai réalisé que j’avais un talent, j’ai eu envie d’aller voir plus loin. Cette envie de raconter des histoires, de transporter les gens m’anime depuis tout jeune.
Il y a aussi une origine familiale à cette passion puisque mes grands-parents m’emmenaient tous les mois voir une pièce de théâtre. Ma grand-mère avait deux copines : celle aux cheveux bleus et celle aux cheveux mauves. On formait une sorte de groupe de vieux et j’étais le seul jeune au milieu d’elles. J’en garde un agréable souvenir.
J’ai une passion pour le théâtre, pour le parfum qui y règne, pour le rouge des sièges qui grincent, pour l’ambiance qui s’y dégage. J’ai d’ailleurs eu la chance cette année de devenir propriétaire d’un théâtre à Paris.

Pourquoi avoir initialement suivi des études de fiscaliste ?

Parce que l’on veut faire plaisir à ses parents et les rassurer, je suis alors resté raisonnable. J’ai débuté mes études universitaires et en parallèle j’ai suivi les classes libres du Cours Florent. ;
En 1998 j’ai eu mon diplôme à Sciences Politiques en 1998. Amoureux, je me suis marié et j’ai commencé à travailler. Je suis rentré dans le cabinet Landwell & Associés, important cabinet de fiscalité et comptabilité et je suis parti m’installer New York. Là bas, je me suis donné à fond, j’ai mis de côté mes rêves de théâtre durant des années.
Un matin de septembre 2001, le 11 pour être exact, j’ai réalisé que j’étais en train de perdre ma vie à la gagner. J’ai réalisé que ce monde n’était pas le mien et qu’il fallait que ça change. J’ai alors commencé à écrire un spectacle dans mon open space new-yorkais.

Est-ce à partir de ce moment là que votre seconde carrière a débuté ?

Je suis rentré à Paris et j’ai décidé de reprendre contact avec d’anciens professeurs. Je leur ai présenté le spectacle que j’ai écris, leur aide m’a été précieuse. Le 2 décembre 2002 je présente une première version de Deuxième acte au théâtre du Gymnase à Paris. Je croise la route de Samuel Le Bihan qui décide de produire mon spectacle dans plusieurs théâtres parisiens. L’aventure peut enfin prendre son envol.
En parallèle je travaillais toujours dans la finance. Je me souviens que certains jours, je sortais du bureau en costume-cravate, je retirais ma cravate et je courais sur la scène du théâtre du Rond-Point. Tous les éléments étaient réunis pour devenir totalement schizophrène dans ces moments là (rires). J’ai fini par donner ma démission, j’ai galéré pendant trois bonnes années puis le spectacle a explosé !

Quel est votre plus beau souvenir, sur les planches ou au cinéma ?

Sans hésitation, le rôle de Coluche qui a rencontré un succès extraordinaire. Je me souviens de toutes ces scènes au théâtre du Gymnase à Paris lors desquelles je me retrouvais devant 600 figurants, tous fan de Coluche et j’arrivais sur scène en salopette. C’était complètement dingue !
Il y a aussi les amitiés que j’ai pu construire au fil du temps notamment avec les réalisateurs avec lesquels j’ai pu travailler, les acteurs, les équipes… J’ai eu récemment la chance durant ma tournée, de faire dix jours à l’Olympia, c’était magique. Un rêve de gosse s’est réalisé ! Voir l’Olympia debout, complet pendant dix soirs de suite, c’était à la fois fou et irréel.

Crédit photos : François-Xavier Demaison

Ce rôle de Coluche semble vous avoir marqué, comment en êtes-vous arrivé à l’interpréter ?

Ce rôle je le dois à Antoine de Caunes. Il était venu me voir au théâtre sur les conseils d’une ses amies et il a eu une révélation en se disant : « C’est lui ! C’est lui qu’il faut ! ». Il m’a beaucoup soutenu à cette époque.
Alors que cela pouvait paraître absurde de choisir un inconnu du grand public et de filer ce rôle à un mec que même le milieu ne connaissait pas, Antoine n’a rien lâché. Il m’a beaucoup soutenu et je l’en remercie. Ça a été une expérience incroyable. Ce rôle a accéléré ma carrière au cinéma puisque j’ai été nommé au César du meilleur acteur. J’ai ensuite enchainé les rôles, les comédies, les rencontres. Je pouvais enfin vivre de ma passion.

Dans quel registre vous sentez-vous le plus à l’aise : la comédie ou le dramatique ?

Les deux. J’ai la chance de pouvoir faire les deux dans mon métier et j’aime faire les deux.
Je ne vous cache pas que j’ai une préférence pour la comédie. Dans le film d’Hugo Gélin Comme des frères dans lequel vous êtes aux côtés notamment de Pierre Niney, Nicolas Duvauchelle, nous vous retrouvons dans les deux registres… Oui c’est un joli film ! J’ai beaucoup aimé travailler sur ce film et effectivement, on retrouve les deux registres. Je suis fier d’avoir fait parti de cette belle aventure. Les deux univers se rencontrent dans ce film et il fallait tous être très proches pour pouvoir permettre cette fusion. D’ailleurs nous sommes devenus très copains suite à ce film.

Comment faites-vous pour rester simple, sympathique et accessible ?

C’est peut-être dû au fait que j’ai eu autre une vie avant. Et puis, il faut apprendre à relativiser. Je suis passé par des périodes difficiles à mes débuts. C’est un métier qui est fait de grandeur mais qui amène aussi son lot d’humiliations. Claude Lelouch a bien résumé cette vision en une phrase « Quand tu montes soit gentil avec les gens que tu croises car ce sont les mêmes que tu vas recroiser en descendant ». Ma nature est d’avoir de l’empathie pour mon prochain, c’est une question d’éducation.

Faut-il garder les pieds sur terre pour perdurer dans ce métier ?

Je ne sais pas. Il y a des gens barrés qui font des magnifiques carrières et d’autres non qui vont tout aussi loin. Le plus important est de ne pas se perdre.

Votre vie d’avant est-elle source d’inspiration dans votre vie actuelle ?

Elle m’a inspirée pour le premier spectacle, beaucoup moins maintenant. Le fait de garder un pied dans le réel me permet de rester sur terre. Je rencontre souvent des personnes qui se retrouvent en moi, à la seule différence que je suis dans la lumière. Il n’y pas de barrière avec mon public et je considère cela comme une récompense. Les personnes que je rencontre, avec qui j’échange, m’inspirent chaque jour car je suis comme eux. Je veux conserver cette proximité avec mon public.

Quels sont vos projets ?

Je viens de terminer le tournage d’une série que je produis pour M6 et qui sera diffusée en prime time après l’été. Dans cette série je me marie aux côtés d’Alix Poisson. On aborde la crise de la quarantaine avec beaucoup d’humour et surtout de l’émotion. Nous revenons à l’essence même de ce que j’aime : la comédie et le dramatique.


D’autres projets futurs qui vous tiennent à cœur ?

Il y a eu la sortie du film Jour J ; avec notamment Nicolas Duvauchelle, Sylvie Testud. C’est un film que l’on va voir pour rire et passer un bon moment. Un autre film dans lequel j’ai retrouvé les deux registres de la comédie et du dramatique Comment j’ai rencontré mon père avec Isabelle Carré réalisé par Maxime Motte et qui traite d’un su- jet malheureusement d’actualité, celui des migrants. Et, je vous confie un petit secret, je suis actuellement en tournage avec François Cluzet, je peux vous dire que le film s’annonce très drôle. C’est l’histoire d’un parisien qui part s’installer à la campagne, un film plein d’humour et de stéréotypes. Je suis ravi de re- trouver François Cluzet qui est un réel ami. Le tournage s’annonce plein d’émotion.

Vous être désormais propriétaire d’un théâtre, cela signifie-t-il que la boucle est bouclée ? Que pouvons-nous vous souhaitez de plus ?

Que ça continue ! (Rires). Reprendre ce théâtre est quelque chose de très important pour moi. J’ai voulu le rendre à mon image, c’est pourquoi j’y ai fait installer un bar à vin proposant plateaux de charcuterie et de fromage, dans lequel chacun passe un agréable moment.

N’y a-t-il pas un appel du pied pour remonter sur les planches plus souvent ?

Je suis un boulimique du travail. Humoriste, acteur, producteur de série et de long métrages, directeur de théâtre etc. Les gens me prennent souvent pour un psychopathe mais je vis de ma passion et pour moi, c’est le plus beau métier du monde.

Votre passion pour le théâtre est très présente. Pensez-vous à l’écriture et la mise en scène ?

Pas pour l’instant, mais un jour peut-être. Je me consacre à mes projets actuels, mes projets futurs, ma famille et mes amis.Une chose est sûre, je ne cesserai jamais de repousser mes limites et de faire ce que j’aime.