KEVIN RICHARDSON L'homme qui murmure à l'oreille des lions…

Kevin Richardson est un comportementaliste sud-africain qui a travaillé intensivement avec des animaux indigènes d’Afrique. Il sait créer un lien particulier entre lui et les félins. Rencontre avec cet homme hors normes.

Vous êtes le propriétaire de la Fondation et du Sanctuaire Kevin Richardson ! Pourriez-vous s’il vous plaît nous donner plus d’informations à ce sujet et sur son objectif?

La mission du Kevin Richardson Wildlife Sanctuary est de fournir un sanctuaire autonome pour les carnivores africains à des fins de préservation des espèces sauvages. Son but est de sensibiliser le public au déclin rapide des grands carnivores d’Afrique (en raison de la perte d’habitat, du conflit homme / prédateur, du commerce illégal de viande de brousse, de la chasse sans scrupule, des maladies et du commerce illégal) à travers l’éducation et aux collectes de fonds (kevinrichardsonfoundation.org). La Fondation Kevin Richardson est une organisation à but non lucratif luttant pour la conservation de la nature, avec la créature la plus majestueuse en son cœur, le lion. Lancée au début de l’année 2018, la fondation s’est engagée à changer et à ralentir le déclin des populations de lions en Afrique en achetant des territoires et en sensibilisant le grand public pour créer des espaces sûrs et naturels où les lions et d’autres espèces locales peuvent s’épanouir. En s’associant à des organisations spécialisées et en s’engageant avec les communautés pauvres en marge de ces zones protégées, la fondation vise également à minimiser les conflits humains / animaux sauvages, tout en améliorant les conditions de vie des villages locaux.

Pourquoi avoir créé la fondation? Racontez-nous comment votre histoire, votre parcours vous a amené à créer cette organisation?

C’est en quittant un parc que j’ai décidé que je voulais mieux contrôler le destin des animaux sous ma responsabilité et dont je prenais soin. J’ai donc décidé de fonder le Kevin Richardson Wildlife Sanctuary (KRWS). C’était une lutte sans cesse, avec énormément d’obstacles à surmonter afin d’essayer de garantir la protection à vie des lions, léopards et hyènes. Etant quelqu’un de connu et assez bien suivi sur les réseaux, le but a toujours été de créer une fondation pour faire du bien. La première fois que j’ai envisagé la création d’une fondation remonte à 2011 et le projet s’est concrétisé en 2017 et la Kevin Richardson Foundation a vu le jour en 2018. La fondation a 4 objectifs bien définis (voir lien à la fondation) :
– Acquérir et protéger des parcelles de terrain et élargir les habitats naturels des lions ainsi que d’autres espèces sauvages
– Eduquer et rendre autonome les communautés qui entourent les zones naturelles et soutenir d’autres organisations
– Créer une communauté mondiale avec des collaborateurs pour sensibiliser et plaider pour la conservation des lions
– Maintenir et protéger le sanctuaire Kevin Richardson et aider à mettre fin à la chasse au lion en enclos en Afrique du Sud.

Comment est venu le surnom “L’homme qui murmurait à l’oreille des lions”? Parlez-nous du rapport unique que vous avez réussi à tisser avec les lions depuis des années !

Cela remonte au début des années 2000, peut-être 2004 avec la publication d’articles et de photos dans la presse britannique. Très souvent les journalistes commençaient leurs articles par “L’homme qui murmurait à l’oreille des lions”, donc c’est quelque chose qui m’a été attribué, et pas forcément voulu. En peu de temps tout le monde l’utilisait et même si j’étais contre, il est devenu mon surnom, si bien que je l’ai adopté moi-même. La relation que j’ai avec les lions est unique. J’ai dû persévérer et m’engager à fond. Au début je n’avais pas peur, je ne me disais pas “et si jamais”, je ne m’inquiétais pas du tout. J’avais énormément confiance en moi, et j’étais assez têtu pour avancer, accepter les coups et aller au bout de ma passion.

A quand remonte votre première rencontre avec un lion? Qu’est-ce que vous avez ressenti? Parlez-nous de ces magnifiques créatures et pourquoi elles sont destinées à disparaitre !

Les premiers lions que j’ai rencontrés s’appelaient Tau et Napoleon en 1998 au Lion Park et cette rencontre m’a marqué à jamais. C’était le commencement d’un long voyage et de mon travail auprès des lions grâce à ces deux lionceaux de 6 mois. Cette rencontre fait que je suis encore là 22 ans plus tard à profiter pleinement de la compagnie des lions. Je savais immédiatement que c’était à ça que je voulais consacrer ma vie. J’ai appris que la captivité ne sert à rien dans la préservation des espèces, sauf si vous avez pouvez l’utiliser pour éduquer, travailler et collaborer avec des gens comme David Yarrow ou des organisations comme Wild Aid. Le nombre de lions sauvages est en déclin, la perte d’habitat et le conflit homme-prédateur en sont les menaces et causes principales. Entre 2900 et 3500 lions sauvages s’épanouissent aujourd’hui en Afrique du Sud dans des zones dédiées et clôturées comme les parcs nationaux.

Quels sont vos projets, pour vous et pour la Fondation? Quels sont vos objectifs?

Mon objectif à court et à moyen terme est que le sanctuaire puisse mener sa vie jusqu’au bout. Les animaux ne seront pas remplacés et tous, ils vieillissent. L’idée est de s’ouvrir et de créer un centre de réhabilitation pour les grands carnivores. Un lieu où nous pouvons soigner ceux qui sont malades ou blessés avant de les relâcher dans la nature. Dans le cas des soins à vie, l’animal serait envoyé dans un centre spécialisé. J’aimerais pouvoir acquérir plus de terrain à Dinokeng ou ailleurs pour y créer un tel centre. Malheureusement ça demande beaucoup d’argent. J’ai d’autres projets comme la création de centres d’éducation pour les écoles et les communautés pauvres afin d’œuvrer pour un changement dans la législation et l’interdiction totale de la chasse en enclos.

Expliquez à nos lecteurs comment ils peuvent contribuer et aider votre sanctuaire. 

Le sanctuaire est une organisation à but non lucratif et doit être maintenu en état de fonctionnement en permanence. Pour faire un don à la KRF (Kevin Richardson Foundation ) : kevinrichardsonfoundation.org/donate/Bien évidemment les gens qui n’ont pas d’argent à donner peuvent en parler autour d’eux pour sensibiliser un maximum de personnes. C’est un soutien et une contribution moral qui nous encourage à continuer.

On subit une crise sanitaire sans précèdent depuis longtemps. Quels impacts cette situation a eu sur votre vie et les lions?

Cette année a été compliquée et m’a profondément marqué. Nous avons perdu le programme de volontariat, les visites, les évènements, les tournages. J’ai dû consacrer énormément de mon temps à trouver du contenu de qualité pour ma chaine de télévision Lion Whisperer malgré les circonstances. Je suis bien conscient d’avoir la chance de pouvoir continuer à promouvoir la fondation. Il est fort possible que de nombreux parcs animaliers ne survivent pas, et beaucoup d’associations ont des graves difficultés. J’ai étudié divers projets pour bien préparer l’avenir en fonction de la situation. On a pris bien soin des lions, seul leur comportement a changé légèrement. Certains ont bénéficié de moins d’interaction humaine que d’habitude (principalement les plus âgés) et d’autres (les plus jeunes) sont devenus un peu plus agités. J’ai dû modifier ma façon de travailler et faire des choses que normalement je ne faisais pas.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour l’année prochaine, 2021?

Avant tout que la crise sanitaire actuelle se termine. Cela va relancer le tourisme, encourager les gens à se déplacer, redynamiser le programme de volontariat au Sanctuaire. J’espère pouvoir recommencer à organiser les visites du sanctuaire. Cette année a mis fin à des projets pour tout le monde. Je souhaiterais pouvoir recadrer les objectifs et mettre en place des actions pour aider la Fondation.