Journaliste, ancienne membre du CSA de 2009 à 2015, auteure de plusieurs ouvrages.
Après avoir été chroniqueuse pour TPMP sur C8, Christine Kelly anime aujourd’hui « Face à l’info » sur CNews, une émission de débat, qui fait autant polémique que d’audience, rencontre avec une femme solaire et déterminée.
Nous traversons une période assez compliquée, ce qui nous a permis de réfléchir sur nos implications au quotidien avez-vous également fait cette introspection ?
Mon introspection est permanente, quotidienne, ma vie est faite de remises en question, ce qui permet de toujours savoir m’adapter. Il est important aujourd’hui plus que jamais, de tendre la main à l’autre, de l’aider quand c’est possible, d’être à l’écoute, de faire preuve de tolérance. Les valeurs qui font de nous des êtres humains d’exception doivent être mises en avant. Beaucoup ont peur de cette période compliquée, je trouve que c’est l’occasion de transformer sa peur en pouvoir.
Quels sont les changements que vous avez opérés face à ce nouveau mode de vie ?
Je me concentre plus que jamais sur la cellule familiale et aussi sur tout ce qui n’est pas superficiel. Concentration sur le calme et pas sur l’émotion. J’essaie de rester ancrée pour ne pas être ballotée, je dirais que mon principal changement est donc l’amélioration de mon ancrage.
Que répondez vous à ceux qui disent que la chaîne CNews emploie la stratégie de la haine afin de motiver l’audimat et de faire le Buzz ?
La haine n’a pas sa place dans l’émission, le téléspectateur le sait, la réflexion et l’analyse oui. On commence par prendre parti, ensuite on prend de la hauteur et puis on prend du recul.
Dans ce métier faut-il toujours se remettre en question face à une exigence toujours plus accrue tant des chaînes que du téléspectateur?
Plus de chaînes et moins de téléspectateurs qui vont chercher sur d’autres canaux des données afin de pouvoir penser. Mon passage au CSA m’a permis de constater que les médias veulent trop souvent s’imposer au téléspectateur. Il est pourtant bien plus intelligent qu’on ne le croit. Il veut plus que jamais aujourd’hui, qu’on le prenne comme tel.
Comment percevez vous la place de la femme dans le monde professionnel d’aujourd’hui ? Et de façon plus explicite au sein des médias?
La femme a pris de plus en plus de place dans la présentation des journaux télévisés, et de moins en moins chez les experts. La femme est souvent représentée comme témoin, mère ou victime dans les médias. La place de la femme dans le monde professionnel est loin d’être au juste niveau, à la bonne appréciation, et les moyens utilisés aujourd’hui pour l’être ne l’aide pas toujours.
Diriez-vous que vous êtes combattive ?
C’est sans doute mon unique qualité.
Parlez-nous de votre fondation K d’urgences, créé pour ces familles monoparentales, ou en êtes-vous aujourd’hui ?
K d’urgences a bientôt 11 ans, elle vient en aide aux familles monoparentales, homme ou femme, qui élèvent seuls leurs enfants parce que ce sont les premières victimes de la pauvreté. Avec le confinement ce n’est plus aussi simple de se voir, mais nous sommes en train d’organiser une distribution de 200 masques offerts par Disney. K d’urgences aide aux sorties, à l’accès aux conseils, et aide lorsque c’est possible à une mise en relation. Le dernier cas en date est une jeune fille de 16 ans, qui a eu son bac très jeune, et qui avait arrêté sa scolarité car sa mère n’avait pas les moyens financiers. On a fini par lui trouver un hébergement, payer son université et des vêtements. K d’urgences agit et agite les pouvoirs publics. Nous avons travaillé au recouvrement de la pension alimentaire avec le gouvernement qui a été très à l’écoute. Nous attendons son application pleine et entière.
Si vous n’aviez pas été journaliste quel aurait été votre métier ?
Enseignante en mathématiques ou en physique. Nous étions 4 lycéennes à faire ce pari. Elles le sont toutes devenues, sauf moi.
Comme le dit Laurent Voulzy dans sa chanson, avez-vous le cœur grenadine, loin de votre île, la Guadeloupe dont vous êtes originaire ?
La Guadeloupe est dans mon cœur. Elle fait partie de moi. Ma famille sur place me manque mais je ne suis pas nostalgique. J’y vais régulièrement pour me replonger dans le bain familial.
Vous dites, suite à la maltraitance que vous avez subie adolescente par vos parents que :« Sans le pardon, il est impossible d’avancer dans la vie. Le pardon libère et permet de se construire» mais y arrive t’on vraiment ?
Le pardon peut être une quête, un souhait, un désir et c’est déjà une terrible avancée. Mais lorsqu’on y arrive on le sait et tout bascule. Le pardon c’est de l’inconfort.
Que pourriez-vous souhaiter aux lecteurs du LiFE magazine pour cette fin d’année ?
Partager une réflexion : on ne progresse jamais dans le confort, mais dans l’inconfort.